L’île aux Moines de Pascal MALOSSE

Deux meurtres atroces et inexplicables dans une abbaye isolée sur une île : pour les résoudre, on fait appel à inspecteur Laugier, policier parisien à qui nulle enquête n’a résisté jusqu’à aujourd’hui. Mais ce dernier est-il vraiment prêt à affronter ce meurtrier insaisissable ?

Je reconnais volontiers que je suis bon public, ainsi qu’une incurable optimiste quand je passe en revue tous les rayons d’une librairie pour dénicher quelque chose à lire. Donc forcément, quand je tombe sur un résumé avec meurtres, île et brillant policier, je me dis « ça peut être pas mal ».

Auteur que je ne connais pas mais qui d’après l’éditeur s’est spécialisé dans les histoires étranges, « chouette, j’aime ça l’étrange, si ça se trouve, je viens de dénicher une pépite ». Optimiste donc.

Ben j’aurais pas dû…

L’inspecteur Laugier est profondément antipathique. Forcément, quand on ne peut pas saquer le personnage principal, ça commence mal. Au bout du troisième paragraphe du chapitre 1, je savais déjà que je n’allais pas aimer ce bouquin, ce qui ne m’a pas empêché de le lire : une fois commencé je finis toujours un livre mais les mauvais me prennent un temps fou.

On ne sait jamais, rien n’empêche d’avoir une bonne histoire même si le personnage principal est une buse. Ou au moins des passages intéressants, des idées originales, quelque chose, n’importe quoi… Je vous avoue qu’à ce stade, mon optimisme a commencé à s’étioler et que la suite l’a laissé exsangue.

Comme je l’ai déjà dit dans un autre article, une histoire n’a pas besoin d’être originale pour me plaire : si elle est bien racontée, je me laisse facilement prendre au jeu. Malheureusement, cette histoire n’a rien d’original et l’écriture n’a rien de magique. Je me suis surprise à marmonner des « c’est pas vrai », « j’hallucine » et « c’est vraiment mauvais », à la grande surprise de mes voisins de tramway (je lis souvent dans les transports en commun, ça fait passer le temps).

La fin n’a d’intérêt que parce c’est la fin et qu’elle a mit fin à un pensum dont je me serais bien passé.

Le seul côté positif de ce livre est qu’il est court (79 pages).

Vous pouvez passer votre chemin, vous ne manquerez pas grand chose.

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Les Dames blanches de Pierre BORDAGE

Un jour, une immense bulle blanche apparaît et un petit garçon de trois ans disparaît en son sein. Bientôt, d’autres bulles apparaissent un peu partout dans le monde et d’autres enfants de trois ans disparaissent. Peu à peu, le monde sombre dans une régression technologique à cause de ces bulles qui gênent le fonctionnement des technologies.

Rien ne permet d’entamer les bulles, rien ne semble pouvoir entamer leur croissance, à part l’absorption des enfants…

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Les Miracles du bazar Namiya de Keigo HIGASHINO

Trois jeunes délinquants se réfugient dans un bâtiment abandonné, le bazar Namiya, suite à un mauvais coup. Alors qu’ils attendent le matin pour s’enfuir, une lettre est glissée dans la fente du rideau métallique. Il s’agit d’une demande de conseil qui vient du passé…

Je n’ose pas en dire beaucoup plus pour ne pas prendre le risque de trop dévoiler cette histoire. Je vous dirais juste que ce roman est l’équivalent d’un gros câlin, une histoire qui m’a énormément touchée et surtout qui fait du bien.

Cette histoire a un côté fantastique, mais surtout elle est merveilleusement bien racontée. Et puis, vu l’ambiance quelque peu déprimante dans laquelle nous évoluons actuellement (pandémie, dépression hivernale, élections présidentielles …) elle fait preuve d’une réelle bienveillance et nous rappelle que le monde n’est pas aussi sinistre qu’on a tendance à le croire.

Halloween Night : Le Manoir de Alexis AUBENQUE

Si j’avais un style lapidaire, j’écrirais juste « Je n’ai pas aimé » et j’en resterais là…

Sauf que ce serait quand même injuste pour l’auteur (que je ne connaissais pas) et que ça pourrait paraître arbitraire…

Un certain nombre d’individus décident de passer quelques jours dans une baraque isolée et réputée hantée.

En ce qui concerne les histoires d’horreur, c’est un début classique. Entendons-nous bien, je n’ai rien contre les classiques bien au contraire. Je suis fascinée et très admirative du nombre de romans qui partent de ce principe et qui réussissent à se développer dans des directions inattendues ou non, mais qui font peur. De mémoire, il y a Maison hantée de Shirley Jackson ou encore Hanté de James Herbert.

Dans Le Manoir, l’auteur rassemble six étudiants caricaturaux, trois garçons (le quaterback, le mec bien, le geek) , trois filles (la cheerleader, la fille bien, la gothique), qui décident de passer le weekend d’Halloween dans une baraque isolée à la réputation douteuse. Le début ressemble au synopsis d’un mauvais film d’horreur pour adolescents, j’en avais parfaitement conscience quand j’ai acheté ce livre.

Mais, je suis très bon public et j’ai une affection particulière pour les histoires d’horreur. En plus, l’éditeur parle de l’auteur comme « un maître français du suspense (qui) détourne avec brio les codes du fantastique » et dans ma grande naïveté, je lui ai fait confiance. J’aurais pas dû.

Une histoire originale est toujours un plaisir. Ce n’est pas original, c’est invraisemblable. Il y a des poupées, pourquoi pas. Un savant fou, admettons. Une secte d’adorateurs de Satan, ça commence à faire beaucoup. Quand à la fin, je n’ai pas d’autres mots pour la qualifier que « bof ».

Le manque d’originalité d’une histoire peut ne pas trop lui porter préjudice si c’est bien écrit. C’est pas bien écrit.

Les traits d’humour peuvent faire passer un bon moment : des répliques ironiques et drôles peuvent repêcher une histoire. C’est pas drôle.

Des personnages attachants et bien travaillés éveillent souvent l’intérêt. Ils sont caricaturaux et l’une d’elle est particulièrement idiote (et non, je ne parle pas de la cheerleader).

J’ai fait quelques recherches sur l’auteur : il a une cinquantaine d’années. En m’efforçant ce weekend à finir ce livre, j’avais l’impression de lire un texte écrit par un adolescent, pas très adroit.

Donc, j’ai pas aimé et je ne recommande pas.

Les Autres de James HERBERT

Nicholas DISMAS est un enquêteur à la tête de sa propre agence. Abandonné à la naissance par une mère qui n’a pas pu assumer ses difformités, il réussit à se créer une vie plutôt agréable grâce à ses amis et à son travail, en dépit des remarques ou des regards blessants qu’un grande partie de la société lui impose. Engagé pour retrouver le fils disparu à la naissance d’une riche veuve, il va devoir faire équipe avec une voyante, enquêter sur des pratiques monstrueuses et apprendre qui il est vraiment.

J’aime bien les livres de James Herbert, et ce roman ne fait pas exception à la règle, en dépit de ses nombreuses longueurs. Je regrette le premier chapitre qui à mon avis en dévoile trop sur l’histoire à venir. Dismas, qui porte le nom du criminel crucifié en même temps que Jésus et qui se repentit, est un personnage attachant : il ne se laisse pas abattre par ses handicaps et assume ses bons et ses mauvais côtés.

Ce roman m’a fait passer un bon moment, même si certains développements étaient selon moi un poil trop prévisibles. A lire si vous en avez l’occasion.

Nuit d’été de Dan SIMMONS

Nuit d'été

Le dernier jour des cours dans Old Central, vieille école vouée à la démolition, un enfant disparaît. Personne ne croit sa sœur quand elle affirme qu’il n’est jamais sorti de l’établissement. Après tout, elle est bizarre et fait partie d’une des familles les plus pauvres de la ville. Certains élèves décident quand même de mettre à profit une partie de leurs vacances d’été pour enquêter. Ce qui commence comme un jeu vire très vite au cauchemar, entre les apparitions et les chuchotements dans le noir.

Nuit d’été commence sur des chapeaux de roues. Contrairement à d’autres romans de Dan Simmons où l’action est entravée par des tonnes d’explications scientifiques ou techniques, on ne s’ennuie pas un seul instant en suivant ces garçons d’une douzaine d’années confrontés à l’horreur et à la mort. Les enfants ont cette faculté de croire qui disparaît chez les adultes et qui leur permet de voir ce qui échappe à leurs parents.

Ce roman fait partie de mes préférés. Les héros sont très attachants : Mike l’enfant de Chœur, avec sa foi touchante ou Duane le surdoué qui passe son temps à écrire, pour ne citer qu’eux. Il n’y a rien à jeter dans ce roman, l’histoire est très bien écrite et prenante. Hautement recommandé pour passer un très bon moment.

L’Évangile cannibale de Fabien CLAVEL

Prévenus par leur doyenne, des petits vieux se claquemurent dans leur maison de retraite, les Muriers, pendant quarante jours et quarante nuits. Quand ils se décident à sortir, ils se retrouvent à errer dans un Paris plus désert qu’au mois d’Août à l’exception des zombies.

Le quatrième de couverture pose une question existentielle : « Qui se déplace le plus vite… un zombie ou un petit vieux en déambulateur ? » Ça m’a fait rire et je me suis dit que ce roman pouvait être marrant. Et puis la couverture de David Hartman est vraiment sympa. Alors, après l’avoir reluqué au cours de nombreuses visites chez mon libraire préféré, je l’ai pris. J’aurais dû me méfier.

Le narrateur prévient dès la première phrase : « Je suis un salopard. » Il ne ment pas. Il existe dans la littérature et dans la vie, des salopards qui ont des côtés attachants et qu’on ne peut pas s’empêcher d’apprécier en dépit de tout.. Ce n’est pas le cas de Mathieu, vieillard aigri, dont je me dis que sa femme a bien fait de l’envoyer aux Muriers pour profiter tranquillement des années qui lui restent.

L’idée de départ est bonne, et même si le narrateur est antipathique au possible, ce roman aurait pu être bien. D’ailleurs, selon certaines critiques il l’est. Je n’ai pas aimé l’histoire et certains passages m’ont choquée. En écrivant ces mots, j’ai l’impression d’être une vieille dame en dentelles qui regarde le monde à travers son face-à-main, mais je ne sais pas comment l’expliquer autrement. Je ne recommanderais pas ce livre.

Fées, weed et guillotines de Karim BERROUKA

Marc-Aurèle Abdaloff, détective privé, voit débarquer dans son bureau une jeune femme étrange répondant  au doux nom de Jaspucine qui l’engage pour retrouver une autre femme avec pour seul indice un sourire. Aidé de son ami Etienne Petiot, chef du Bureau des Crimes Extrêmes et de Premier de la classe, policier, puits de sciences et tête à claques, il se retrouve mêlé à une affaires de fées.

Oubliez les fées de Disney penchées sur un berceau et prêtes à délivrer mille bénédictions sur la tête d’un nouveau-né. Les fées, c’est plus ce que c’était, mais elles sont nettement plus drôles. J’ai adoré ce roman, l’histoire, les personnages… Tout !

J’ai commencé à le lire alors que j’étais dans une file d’attente, dans un supermarché. Je dois vous avouer que je ne sors jamais sans un livre dans mon sac : je peux oublier rouge à lèvres, téléphone portable voir portefeuille, j’ai toujours un livre sur moi pour profiter de la moindre occasion. J’étais donc, à attendre, un sac de courses à mes pieds, des gens moroses tout autour de moi et le roman dans les mains.

J’ai lu la réplique suivante :  » (…) Le problème est que les assignats, aujourd’hui, ça a autant de valeur qu’un autographe de Justin Bieber au Hellfest. » et là, j’ai eu un début de fou rire qui m’a valu des regards perplexes, voir désapprobateurs des autres personnes en train de faire la queue. Même maintenant, en écrivant cet article, je ne peux pas m’empêcher de sourire. J’avais adoré Le Club des Punks contre l’Apocalypse zombie, je ne peux que vous recommander Fées, weed et guillotines. Karim BERROUKA est pour moi un auteur à suivre.

Les puits de l’enfer de Graham MASTERTON

A la suite de fortes pluies, l’eau du puits de la famille Bodine installée dans une ferme à proximité de New Milford prend une teinte jaunâtre. Mason, le plombier appelé à la rescousse repart avec un échantillon et le récit du cauchemar de Jimmy Bodine, qui se noie dans de l’eau qui se trouve loin, très loin sous terre. Et bientôt l’eau a d’épouvantables conséquences sur l’apparence de ceux qui l’ont bu et des meurtres atroces se produisent dans la région.

Petit aparté avant de vous parler de ce roman : j’éprouve une grande affection pour la défunte collection Terreur de chez Pocket. Grâce à elle, j’ai pu enrichir les étagères de mes bibliothèques de beaucoup de livres d’horreur tout au long des années et je continue à le faire quand je fouille les piles de livres d’occasion, à la recherche de LA pépite qui ne serait pas encore passée entre mes mains. Bizarrement, j’ai trouvé « Les puits de l’enfer » sur mon lieu de travail. Une bibliothèque de prêt a été mise en place il y a quelques mois, occupée essentiellement par un nombre sidérant d’Agatha Christie et de quelques romans d’amour type Harlequin qui n’ont pas l’air de savoir ce qu’ils font là. La semaine dernière je suis passée en y jetant un vague coup d’œil comme d’habitude (je jette toujours un vague coup d’oeil sur tout entassement de livres que je croise sur mon chemin, c’est plus fort que moi) et là, mon regard a été attiré par une couverture noire avec un lettrage rouge que j’ai immédiatement identifiée comme étant un terreur de Pocket. J’aime beaucoup leur couverture et surtout leurs illustrations. Je me suis jetée dessus, pas si métaphoriquement parlant que ça, et là, j’ai eu l’excellente surprise de tomber sur un Graham Masterton que je ne connaissais pas. Cette trouvaille a illuminé ma journée et aboutit à cet article consacré bien plus à ce coup de chance qu’au roman lui-même.

Dans le genre horreur, Masterton n’est pas mauvais. Ce roman est intéressant pour son interprétation du culte de Cthulhu. L’horreur est présente, les personnages plutôt bien campés et Mason, le plombier, vit avec un chat du nom de Shelley qui joue un rôle non négligeable dans le roman. Mais ce dernier me fait l’effet d’un soufflé merveilleusement gonflé quand il arrive sur la table, qui ne s’effondre pas au moment du service mais qui laisse un arrière-goût un peu décevant. Je trouve la fin un poil trop rapide et même capillo-tractée.  Donc, pour moi, pas indispensable à lire mais si vous tombez dessus, l’occasion de passer quand même un bon moment.

Dirk Gently, détective holistique de Douglas ADAMS

Dans le premier, notre détective holistique propose une alternative au problème posé par le chat de Schrödinger et explique pourquoi un canapé est irrémédiablement coincé dans un escalier. Dans le second tome, il enquête sur une explosion dans l’aéroport d’Heathrow dont tout le monde revendique l’origine, à tout hasard. Dans les deux, il se révèle extrêmement créatif concernant le détail des factures qu’il envoie à ses rares clients et part du principe que tout est lié à un niveau ou à un autre.

Le quatrième de couverture de Un cheval dans la salle de bains indique : « De Sherlock Holmes à Philip Marlowe, il existe une longue tradition de détectives privés brillants, astucieux, à qui on ne la fait pas. Malheureusement, Dirk Gently n’en fait partie. » Comment résister à une telle présentation ? Moi, je n’ai pas pu et je ne le regrette pas. Je me suis amusée tout le long du roman et j’aime beaucoup l’histoire du canapé.

Douglas ADAMS manie l’art de l’absurde avec un certain talent, même si Beau comme un aéroport souffre de quelques longueurs et m’a un peu moins plu que le précédent. Mais il y a toujours des scènes ou des détails drôles et la confrontation avec l’aigle est un petit bijou du genre.

Le premier mérite vraiment d’être lu, le second un peu moins. Ils plairont tous les deux à ceux qui aiment l’humour anglais et son merveilleux « nonsense ».