Dirk Gently, détective holistique de Douglas ADAMS

Dans le premier, notre détective holistique propose une alternative au problème posé par le chat de Schrödinger et explique pourquoi un canapé est irrémédiablement coincé dans un escalier. Dans le second tome, il enquête sur une explosion dans l’aéroport d’Heathrow dont tout le monde revendique l’origine, à tout hasard. Dans les deux, il se révèle extrêmement créatif concernant le détail des factures qu’il envoie à ses rares clients et part du principe que tout est lié à un niveau ou à un autre.

Le quatrième de couverture de Un cheval dans la salle de bains indique : « De Sherlock Holmes à Philip Marlowe, il existe une longue tradition de détectives privés brillants, astucieux, à qui on ne la fait pas. Malheureusement, Dirk Gently n’en fait partie. » Comment résister à une telle présentation ? Moi, je n’ai pas pu et je ne le regrette pas. Je me suis amusée tout le long du roman et j’aime beaucoup l’histoire du canapé.

Douglas ADAMS manie l’art de l’absurde avec un certain talent, même si Beau comme un aéroport souffre de quelques longueurs et m’a un peu moins plu que le précédent. Mais il y a toujours des scènes ou des détails drôles et la confrontation avec l’aigle est un petit bijou du genre.

Le premier mérite vraiment d’être lu, le second un peu moins. Ils plairont tous les deux à ceux qui aiment l’humour anglais et son merveilleux « nonsense ».

 

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La Malédiction d’Old Haven de Fabrice COLIN

Une orpheline de dix-sept ans, Mary Wickford, quitte le couvent qui l’a vue grandir en possession d’un étrange tableau et d’une mystérieuse amulette. Elle évolue dans une version alternative de l’Amérique, quelques années après les terribles procès en sorcellerie de Salem. Irrésistiblement attirée par la petite ville d’Old Haven, elle s’y installe mettant en branle une suite d’évènements qui vont changer la face de l’Amérique. 

Créer un univers post-Salem est une idée intéressante : l’Inquisition est tout ce qu’on imagine de ce que doit être une Inquisition, c’est-à-dire inhumaine, atroce et jamais en faveur du prévenu. (Il y a quelques années, j’ai découvert qu’une des méthodes utilisées par les chasseurs de sorcières était de jeter la présumée sorcière dans un trou d’eau profond. Si elle se noyait, elle était innocente et son âme était accueillie au Ciel. Si elle flottait, elle était coupable et on la brûlait. C’est une méthode qu’on pourrait qualifier de gagnant/gagnant du point de vue de l’inquisiteur, pas de celui de la victime innocente.) Malheureusement, il s’agit du seul point positif que je retiens de cette lecture.

Élevée dans un couvent jusqu’à ses dix-sept ans, je peux concevoir qu’on ne soit pas préparée aux dures réalités de la vie réelle. Mais ça n’empêche pas de faire preuve d’un minimum d’intelligence et de bon sens. L’héroïne est agaçante et selon moi, pas du tout attachante. L’inévitable histoire d’amour tombe comme un cheveu sur la soupe. L’édition de poche fait plus de six cents pages : il y a de nombreuses péripéties, quelques personnages intéressants et les classiques de ce genre d’histoire… mais rien à faire, la sauce ne prend pas. En fin de livre, on peut lire les deux premières pages du tome suivant : je ne l’ai pas fait et je n’ai aucune intention de l’acheter, j’ai suffisamment souffert  pour arriver au bout de ce roman…

Troupe 52 de Nick CUTTER

Un chef scout emmène cinq adolescents sur Falstaff Island, une île déserte, pour un weekend dans la nature. Le soir de leur arrivée, une homme visiblement très malade débarque, transformant leur sortie en cauchemar.

Ce livre est le genre de roman que j’évite de lire juste avant de me coucher pour ne pas être réveillée en plein milieu de la nuit par un horrible cauchemar. L’histoire est à la fois horrible et terrifiante. Nick Cutter est très efficace dans sa façon d’écrire : il sait appuyer sur les détails qui font se dresser les cheveux sur la tête tout en décrivant tellement bien ses personnages qu’on se prend de sympathie pour eux, ce qui rend le lecteur encore plus sensible à ce qui leur arrive.

Ce livre n’est pas à mettre entre n’importe quelles mains. Je le déconseille aux âmes sensibles et à ceux qui préfèrent une horreur suggérée à celle d’un film gore.

Le club des Punks contre l’Apocalypse Zombie de Karim BERROUKA

Alors que Deuspi et Fonsdé émergent de leur dernier trip à l’acide, ils découvrent que Paris s’est transformé en terre d’accueil pour les Zombies. Aidés de Kropotkine anarchiste et maître à penser, d’Eva militante punk pour la cause animale et de Mange-Poubelle qui lutte à sa façon contre le gaspillage de la société de consommation, ils vont devoir s’organiser pour enfin faire triompher l’anarchie.

Ce livre est complètement délirant. Grâce à lui, je ne regarderais plus jamais les punks de la même façon. Karim BERROUKA utilise une base d’histoire plutôt classique (la fin du monde zombie) pour camper des personnages atypiques et se lancer dans un récit qui sort des sentiers battus, avec beaucoup d’humour et de messages de lutte contre le MEDEF. Jubilatoire !

La Trilogie du Rempart Sud de Jeff VANDERMEER

Annihilation raconte la douzième expédition envoyée dans la Zone X. Dans Autorité, le nouveau directeur nommé au Rempart Sud prend ses marques. Avec Acceptation, on en apprend un peu plus sur la Zone X. 

Certains critiques trouvent que l’histoire fait penser à Lovecraft. J’avoue ne pas connaître suffisamment son œuvre pour savoir si c’est justifié ou non. J’ai trouvé cette écriture très dense, presque rebutante à certains moments, et pourtant je ne les ai pas lâchés avant la fin. Toujours le même principe qui veut que lorsque je commence un livre, je veux savoir comment il se termine. Je suis contente de l’avoir fait parce qu’au final, l’histoire qui se déroule ne m’a pas laissé indifférente. Elle m’a intriguée, malmenée et parfois même agacée. Ne pas laisser le lecteur indifférent, je crois que c’est ce que toute bonne histoire doit faire.

Cette trilogie a été adaptée en film, sous le nom Annihilation, avec Nathalie Portman dans le rôle principal. En général, aucune adaptation ne trouve grâce à mes yeux. Mais là, j’avoue que j’étais curieuse de voir comment on pouvait adapter cette histoire. La réponse est qu’on ne peut pas et le film n’essaye même pas : il respecte l’esprit et l’atmosphère du roman, reprend quelques éléments centraux mais a sa propre particularité. Il est intéressant dans le genre glaçant, mais je peux comprendre qu’il puisse ne pas plaire à tout le monde.

 

Le dernier apprenti Sorcier de Ben AARONOVITCH

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J’ai commencé le tome 1,  « Les rivières de Londres » le 2 mars. Je m’en souviens bien, parce que ce jour là, il avait neigé, ce qui est très rare dans le Sud de la France et que, dans l’incapacité de me rendre au travail (je n’ai pas de voiture et aucun transport en commun ou particulier d’ailleurs ne pouvait circuler), j’ai passé la plus grande partie de la journée à lire. J’ai lu les deux premières pages en me disant « Ah, il a de l’humour… » aussitôt suivi de « …et il a aussi des idées ». J’étais ravie d’avoir mis la main sur un roman fantastique intéressant et encore plus quand je me suis aperçue que la série comptait 6 tomes pour l’instant.

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Nous sommes aujourd’hui le 11 mars et j’ai terminé le dernier tome de la série, L’arbre des Pendus,  il y a une demi-heure. Je trépigne déjà à l’idée qu’il va me falloir attendre une durée indéterminée avant de pouvoir lire la suite, tout en me réjouissant parce le jour où le tome 7 va sortir, je vais l’acheter et me le mettre de côté le temps de relire les six premiers tomes. Je me rends compte en écrivant ces lignes que j’ai une relation avec la lecture équivalente à celle qu’un accroc au chocolat entretient avec sa drogue favorite : tant qu’il y en a, impossible de s’arrêter, l’avantage indéniable des livres étant qu’ils ne font pas grossir, l’inconvénient que les bibliothèques extensibles n’ont pas encore été inventées…

Le point de départ est classique : Peter Grant, jeune agent de police à Londres prête un peu trop d’attention aux détails et se retrouve enrôlé par le dernier sorcier en exercice, le Nightingale, pour l’assister dans des enquêtes qui sortent des sentiers battus.

Sujet classique et cuisiné à toutes les sauces par de nombreux auteurs, avec plus ou moins de bonheur. Dans ce cas précis, on a affaire à un certain Ben Aaronovitch auquel j’ai décidé de m’intéresser entre le tome 2 et le tome 3, quand j’essayais de faire durer mes lectures. Il est anglais et donc familier des Monty Python, premier point positif. Il a écrit des scénarios pour le Docteur Who, deuxième point extrêmement positif : je ne sais pas vous, mais je suis fan des Daleks, même si j’ai toujours eu un faible pour les Anges pleureurs que je trouve particulièrement effrayant. Enfin, comme si tout cela n’était pas suffisant, le tome 5, Les disparues de Rushpool, est dédicacé à Terry Pratchett, selon moi l’un des plus grand écrivains qui soit. Ben Aaronovitch sait donc qui est Herne le traqué et y fait même allusion dans le tome 5 (pour ceux qui ne le savent pas, je les invitent à lire Trois Soeurcières, Mécompte de fées et Nobliaux et Sorcières, dans cet ordre, ou plutôt l’intégrale des Annales du Disque-Monde, vous ne pourrez qu’en tirer des bénéfices).

Les six romans du cycle sont : Les rivières de Londres / Magie noire à Soho / Murmures souterrains / Le rêve de l’architecte / Les disparues de Rushpool / L’arbre des Pendus

Sur une échelle de 1 à 10, j’accorde sans hésiter à cette série la note de A+

Le Fantôme d’Hollywood de Ray BRADBURY

 

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Le soir d’Halloween, un jeune scénariste récemment embauché découvre en haut d’une échelle le cadavre de James Charles Arbutnhot, l’ancien patron des studios Maximus, enterré depuis plus de vingt ans. C’est le début d’un jeu de piste qui va l’amener à mettre jour de nombreux secrets, potentiellement mortels…

J’ai la chance, depuis aussi longtemps que je me souvienne, de beaucoup rêver. Mes nuits sont souvent peuplées de récits délirants mais extrêmement détaillés et structurés qui parfois me servent de bases pour mes essais de romans ou de nouvelles. Je trouve que Monsieur BRADBURY écrit avec l’essence dont sont fait les rêves.

Certains passages sont délicieusement surréalistes, d’autres sont particulièrement représentatifs de la folie qui devait régner sur les studios de cinéma pendant les années cinquante. Cette espèce d’hystérie collective et d’enthousiasme délirant liés aux débuts du cinéma, des stars et du reste.

J’ai beaucoup aimé ce roman, ses références au Fantôme de l’Opéra et ses personnages attachants. Il a un charme envoutant qui m’a beaucoup plu.

Un éclat de givre d’Estelle FAYE

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Dans un Paris post-apocalyptique, dernier témoin d’une époque presqu’oubliée et sans doute dernier bastion de l’humanité, Chet se travestit pour chanter de vieux airs de jazz dans des bars. Pour arrondir ses fins de mois, il sert d’intermédiaire dans cette nouvelle cour des Miracles. Sa dernière mission va l’entraîner plus loin que prévu et l’obliger  jouer un rôle clé dans l’avenir de la ville.

J’ai accroché dès le premier chapitre. Estelle FAYE sait, en quelques phrases, tracer des descriptions qui m’ont fait voir Paris telle qu’elle l’a imaginé pour son roman. La façon dont elle nous raconte l’histoire de Chet et de sa ville me donne l’impression qu’elle pourrait rendre passionnante une simple visite à la Poste du quartier si elle se décidait à la coucher par écrit. Je n’ai pas lu ses autres romans, mais j’ai beaucoup apprécié celui-ci. Je le recommande.

« Nous allons tous très bien, merci » de Daryl GREGORY

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Vous êtes vous déjà demandé ce que devenaient les survivants, ceux qui se sont retrouvés confrontés à l’horreur et qui ont survécu ? Ce roman exploite cette idée en nous faisant assister à une thérapie de groupe. Ils sont six, réunis autour de leur thérapeute. Certains se montrent très diserts, d’autres trop discrets mais tous essayent d’aller mieux, du moins en principe.

J’adore l’idée de départ de ce livre : à se demander pourquoi personne n’y avait pensé avant. J’adore la façon dont l’histoire est racontée, l’utilisation du « Nous » dans certains chapitres pour qu’on s’identifie encore plus aux participants. Accessoirement, j’adore le titre que je trouve très accrocheur.

Je déteste ce format trop court (177 pages) qui me laisse sur ma faim et me donne envie d’en savoir plus. Bien sur, la fin ouverte laisse espérer une suite, mais je reste un peu frustrée par ce court mais bon roman qui laisse beaucoup de zones d’ombres chez les principaux personnages. J’attends de voir si suite il va y avoir…

 

La Nuit de la Lune Bleue de Simon R. GREEN

Rupert est le second fils du roi John, autant dire un fils surnuméraire. Pour éviter qu’il fasse de l’ombre à son aîné, on l’envoie accomplir des quêtes dont il n’est pas censé revenir.  Avec une licorne caractérielle pour monture (oui, je connais la règle pour pouvoir monter une licorne et oui, notre héros remplit bien les conditions), Rupert s’obstine à survivre et finit par sauver un dragon d’une princesse, qui, reconnaissons-le, est très éloignée du modèle « jeune fille de bonne famille délicate et fragile ». Mais bientôt le royaume de la Forêt est menacé par le Noirbois et les démons qui s’y cachent. Une fois de plus, Rupert se lance dans un quête désespérée pour sauver son royaume et même le monde.

Ce roman est très agréable à lire. Il se passe beaucoup de choses, il y a de bonnes répliques et les personnages principaux sont attachants. Le château, plus grand à l’intérieur que ce qu’on en voit de l’extérieur est une très bonne idée. A recommander à ceux qui veulent passer un bon moment, sans prise de tête.